Monday, 11 March 2013

Dilip est parti…


Depuis mon arrivée à Calcutta, j’ai repris la vie que j’avais connue ici l’été dernier (sauf que cette fois-ci il faut que je finisse d’étudier tous mes bouquins avant la fin du mois de mars pour mon diplôme de professeur de français ! grrrrrr !).
A notre arrivée avec Carine, nous nous sommes inscrites chez les Missionnaires de la Charité en tant que bénévoles dans leur centre pour enfants handicapés, Daya Dan. J’étais impatiente d’y retourner et de retrouver les enfants.


J’ai été contente de constater que rien n’a changé, le chemin étroit dans le quartier musulman pour aller jusqu’à « Mother House » est toujours très animé dès le matin. Les gens se lavent, d’autres prient, d’autres encore finissent leurs nuits sur le trottoir. Les petites boutiques commencent à suspendre des quartiers de viande sur des crochets, d’autres à étaler des fruits et des légumes, des gens accrochent des bouquets de feuilles à des poteaux pour nourrir les chèvres, des livreurs en vélo amènent des poulets… 

A Mother House j’ai retrouvé Sister Mercy Maria, la sœur d’origine texane responsable des volontaires, le même petit déjeuner de chaï, banane et brioche, la prière, la chanson pour le départ des volontaires (à force de la chanter tous les jours, je l’ai gardé dans la tête pendant des semaines après mon retour !)… Le même bus pour aller jusqu’à Daya Dan mais cette fois je ne connais plus personne dedans. Il y a une majorité de français, c’est étonnant parce que l’année dernière je n’en avais rencontré que trois en plus de 2 mois et cette fois-ci en 1 heure j’en rencontre 5. 

 
Le centre de Daya Dan, par contre, a changé. La façade est pimpante, fraîchement repeinte en orange, ainsi que la pièce principale. Mais c’est dommage il n’y a plus de dessins sur les murs. En entrant, j’ai tout de suite essayé de repérer Dilip parmi les enfants qui jouent. Mais sans succès. La sœur par contre me reconnaît aussitôt et me salue d’un enthousiaste « Auntie, you are back ! ». Et elle m’annonce que malheureusement Dilip n’habite plus à Daya Dan. Très honnêtement ça a été un choc ! Je ne voulais pas pleurer devant la sœur mais je me suis sentie vraiment triste de penser que je n’allais pas revoir Dilip, surtout après m’être fait une telle joie de le retrouver ! 

Daya Dan 2012
Daya Dan 2013


Pour ceux qui n’en ont pas entendu parler, Dilip est le petit garçon dont je m’étais occupée en Juin et Juillet. Il a 12 ans et avait été recueilli par les missionnaires de la charité à 8 ans parce que ses parents ne pouvaient plus s’en occuper. Il est autiste et dans ce pays où beaucoup d’enfants doivent se débrouiller seuls dès qu’ils savent marcher, beaucoup de parents abandonnent leurs enfants handicapés. 

Dilip 

L’été dernier j’avais adoré m’occuper de Dilip, même si les débuts avaient été difficile. D’abord parce que je n’avais aucune idée de comment m’occuper d’un enfant autiste et me retrouver seule en cours particulier 1 heure par jour avec un petit garçon qui oscillait entre moments de somnolence, périodes d’agitation et d’enthousiasme et d’autres plus violentes m’avait un peu déstabilisée. Mais après quelques semaines, nous étions parvenus à instaurer tous les deux des petits rituels qui permettaient de passer de bons moments ensemble. Dilip avait arrêté de disparaître avant son cours ! Au contraire il venait me prendre par la main pour m’emmener jusqu’à son bureau. Je m’étais vraiment attachée à lui et j’étais vraiment impatiente de le revoir. Maintenant les sœurs m’ont appris qu’il est devenu trop grand pour rester avec elles, et il vit avec les frères dans une autre maison à 1h30 de bus de Mother House. J’ai demandé à Sister Mercy Maria la permission d’aller là-bas mais elle m’a répondu que les filles ne peuvent pas se rendre dans les maisons qui abritent les hommes handicapés et qu’elle ne pensait pas que ce soit une bonne idée pour Dilip de me revoir juste une fois. J’avoue que j’ai bien du mettre une semaine à me faire à l’idée que je ne le reverrai plus. Mais maintenant, je pense aussi que c’est mieux ainsi et au moins je garde intacts tous les bons souvenirs des moments que j’ai passé avec lui. Comme le jour où il avait joué du tam-tam pendant le cours de chant pendant que les autres enfants chantaient et qu’il n’avait plus voulu s’arrêter. Ou la fois où à force de secouer un petit arbre au parc (son jeu favori) il avait fini par le casser et il était revenu vers moi avec les yeux tellement écarquillés de surprise que je n’avais pas pu m’empêcher de rire au lieu de le gronder. Une autre fois il s’était échappé en courant de son bureau et j’avais du lui courir après jusqu’à ce qu’il trouve la sœur et qu’il lui montre, très fier, un dessin qu’il venait de réaliser avec les portraits (approximatifs) de ses amis et leurs noms… 

Bref il me reste tout ça et j’espère surtout qu’il est aussi heureux dans sa nouvelle maison qu’il l’était à Daya Dan. De mon côté j’aime toujours autant travailler avec les enfants de Daya Dan et tous les jours en me réveillant même si j’aimerais dormir un peu plus je suis quand même impatiente de les retrouver.

4 comments:

  1. Oh ça m'a donné envie de pleurer! Pauvre poupette :(

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  2. Tout ceci est bien décrit.

    Claire, sois prudente dans ce pays; les informations sur les agressions de touristes ne sont pas rassurantes...

    Bisous

    Gérard

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  3. Paul ton camarade Français de DAYA DAN a fait son blog aussi!
    je l'ai regardé hier soir.
    C'est dingue ,il faut que tous les jours je regarde un petit documentaire sur l 'Inde.
    Par con contre je n'ai pas encore fini Shantaram.

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  4. Anna ne t'inquiete pas, je m'en suis remise maintenant.
    Merci Gerard, je suis prudente ici, d'ailleurs je suis rarement seule, il ya beaucoup d'autres benevoles :-)
    Carine, quand on revient d'Inde, on ne peut pas s'empecher d'y repenser... ;-)

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