Tuesday, 19 March 2013

Deux jours à Bodhgaya


L’été est déjà arrivé à Calcutta. Depuis plus d’une semaine il fait entre 33°C et 38°C. Les gens ici disent que c’est l’été parce qu’en réalité ils n’ont pas de date précise pour définir les saisons, il fait chaud c’est l’été, il commence à pleuvoir, c’est la mousson, il fait froid, c’est l’hiver. Au moins c’est simple ! Enfin les journées deviennent plus fatigantes et les ventilateurs indispensables, et d’ailleurs j’ai réussi à attraper un gros rhume à force de dormir dans les courants d’air…
Pour échapper un peu à la chaleur de la ville, nous sommes parties 2 jours à Bodhgaya avec Elsa. Elsa est une fille belge que j’ai rencontrée à Sunshine (mon magasin préféré de Sudder Street). Elle est infirmière et à Calcutta elle est bénévole dans un slum, où elle s’occupe des enfants du quartier. Elle est minuscule mais incroyablement énergique. En Belgique, elle travaille dans une prison. C’est la quatrième fois qu’elle vient à Calcutta (comme quoi, il n’y a pas que moi qui suis tombée sous le charme de cette ville). L’année dernière, lors de son séjour, elle est tombée malade. Elle a attrapé la fièvre typhoïde, malgré le vaccin. Elle a du être hospitalisée une semaine mais ça ne l’a pas empêché de revenir cette année.
Bref nous avons décidé au dernier moment de partir ensemble pour sortir un peu de Calcutta. Nous avons bien failli rater le train du départ, parce que nous sommes parties un jour de grève.
C’est assez bizarre les grèves en Inde. Un ou deux jours avant, il y a comme une rumeur, certaines personnes annoncent une grève, d’autres disent que c’est faux… on ne peut jamais savoir avant le jour J. Mais s’il y a bel et bien une grève, alors la ville se retrouve paralysée ! Plus de métro, plus de taxi, plus de bus après 6h du matin ! Beaucoup de magasins ferment aussi, les banques sont fermées. Et ce n’est pas forcément que les gens ne veulent pas travailler, mais en Inde les grèves sont accompagnées de manifestations qui peuvent s’avérer dangereuses pour ceux qui ne les respectent pas. Un ami m’a raconté qu’il a vu un jour une foule détruire un taxi en quelques minutes parce qu’il travaillait. On peut comprendre qu’ils préfèrent rester chez eux ! Par contre j’ai essayé de savoir le pourquoi de cette grève et la seule réponse que les gens m’ont donné est « c’est à cause des partis politiques ». Bon d’accord, je n’ai sûrement pas demandé aux bonnes personnes…
Bref quand nous avons voulu rejoindre la gare avec Elsa, pas moyen de trouver un bus ou un taxi. Heureusement nos amis de Sunshine nous ont trouvé in extremis un autre ami qui se rendait justement à la gare pour y déposer des colis. Nous avons fait le trajet à l’arrière d’une camionnette style kangoo, coincées entre des colis et 3 autres indiens. Le chauffeur nous a emmenées en 10 minutes alors que le trajet à une allure raisonnable prend au moins 20 minutes. Mais ça va parce que, de l’arrière on ne voyait rien !
A la gare nous avons fait la connaissance d’une famille allemande qui se rendait eux aussi à Bodhgaya, non pour visiter, mais en pèlerinage. Ah oui, parce que j’ai oublié de préciser, mais Bodhgaya est la ville sacrée du Bouddhisme. C’est dans cette ville, sous un banian, que le prince hindou Siddharta Gautama, après 7 semaines de méditation, connut l’ « Illumination » et devint un bouddha (le dernier en date). Le Dalaï-Lama vient en visite chaque année dans cette petite ville, qui attire ainsi des milliers de moines et de pèlerins. Donc nous avons eu le temps de discuter avec les parents de la famille allemande avant de prendre le train, ils nous ont expliqué que c’était « une petite ville très reposante chargée d’énergie positive ». Pendant ce temps, leur bébé qui devait avoir moins d’un an, se traînait sur le sol de la gare en couche-culotte en mettant à sa bouche tout ce qui lui tombait sous la main !
Mahabodhi temple

Nous sommes arrivées à Gaya à 5h du matin, après 8 heures de trajet,  pour qu’on nous annonce qu’il y avait un 2ème jour de grève, qu’il n’y avait toujours pas de bus et qu’il fallait se dépêcher de prendre un rickshaw avant 6h du matin. Evidemment le chauffeur du rickshaw nous a demandé beaucoup trop cher mais enfin comme nous n’avions pas le choix… Nous avons fait les 15 km séparant Gaya de Bodhgaya de nuit avec de la musique techno indienne qui nous faisait vibrer les tympans (parce que nous avions eu le malheur de dire que non, la musique indienne ne nous gênait pas). Elsa avait déjà repéré une guesthouse, « Beauty Guesthouse ». Autant dire que l’établissement portait très très mal son nom, juste un immeuble gris, à l’extérieur comme à l’intérieur, des murs nus, des escaliers et des couloirs envahis de poussière et une réception indiquée par une chaise et une table sur laquelle était posée le registre des admissions. La chambre était tellement déprimante avec son sol en ciment, ses deux lits aux draps sales (heureusement que nous avions des sacs de couchage) et sa fenêtre grillagée que je pense que sans Elsa je n’y serais pas restée. Mais enfin pour environ 1€50 chacune la nuit ça allait, d’autant qu’ils nous ont laissé dormir dès notre arrivée à 6h du matin sans nous compter de journée supplémentaire.

Nous avons donc passé 2 jours à Bodhgaya, ce qui est amplement suffisant pour découvrir la petite ville. Personnellement je n’ai pas été subjuguée par l’ « énergie positive » de la petite ville mais l’endroit était quand même agréable et beaucoup plus paisible que Calcutta. Le principal point d’intérêt était le temple de Mahabodhi, le lieu où Bouddha a reçu l’Eveil. L’endroit était bondé, surtout de pèlerins, beaucoup de moines aux crânes rasés et habillés de « robes » oranges. J’ai trouvé très drôle de les voir se prosterner devant les statues, méditer, puis se prendre en photo à tour de rôle, chacun ayant avec lui un iPhone ou une tablette dernier cri. Sous le banian, d’autres moines bouddhistes s’étaient rassemblés pour célébrer des « pujas ». Ils sont restés assis du lever au coucher du soleil en récitant des mantras. Nous sommes restées quelques heures à les regarder, beaucoup d’autres gens se rassemblaient autour d’eux pour méditer, des personnes de toutes nationalités. De temps en temps d’autres moines leur amenait de quoi boire et manger, d’ailleurs ils distribuaient de la nourriture à toutes les personnes présentes, ils nous ont ainsi donné des grosses louches de riz (directement dans les mains c’est un peu compliqué à manger), des jus de fruits et des chocolats Cadburry ! 
Ceremonies sous le banian sacre

C’était assez intéressant d’observer ces cérémonies de « pujas », certains moines étaient très concentrés alors que d’autres dormaient sur place. Il y avait parmi eux de très jeunes moines, d’une dizaine d’années, qui restaient eux aussi assis toute la journée à réciter des mantras. Moi au bout de trois heures, je n’en pouvais plus d’essayer de ne penser à rien en me concentrant sur mes inspirations et mes expirations, j’ai donc laissé Elsa pour aller voir le reste de la ville, c’est-à-dire des temples. En effet des bouddhistes de tous les pays voisins ont bâti à Bodhgaya des temples avec les particularités qui leur sont propres : les temples thaïs avec leurs dorures, les temples japonais très sobres, les temples népalais recouverts de drapeaux…
Temple Thailandais

Temple tibetain

Quand nous sommes reparties de Bodhgaya, nous avons loupé le bus pour rejoindre la gare et une fois de plus nous avons du prendre un rickshaw. Il roulait comme un fou celui-là, j’avais l’impression qu’il essayait de faire la course avec tous les véhicules qu’il croisait et ça avait l’air de beaucoup l’amuser de vois nos mines effarées chaque fois que nos têtes cognaient contre le plafond de son engin ! Heureusement il nous a emmenées à bon port, bien à l’avance pour prendre notre train et nous sommes arrivées le lendemain matin à Calcutta, toujours aussi heureuses de retrouver cette ville même après seulement deux jours d’absence.
Temple nepalais

Temple japonais

Temple du Bhoutan

2 comments:

  1. je vois qu'Elsa fait encore plus les calculs que toi ...Economie economie ...Beauty guest house pas de référence sur lonely planet ...Moi je crois que j'aurais poussé jusqu'à 3EUROS 4EUROS...:°)
    en tout cas je pense que vous vous êtes régalées ...
    En début d'été ,ils font les grèves ....Ces Indiens !!! alors je suppose que le sunshine était fermé ??

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  2. Ah non, ils ferment jamais eux!!!! cela dit on les voit pas de la rue principale, du coup ils sont assez tranquille meme les jours de greve :-)

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