Friday, 29 March 2013

Holi Hai, une journée en couleurs


Mercredi, le 27 mars, Calcutta fêtait Holi. Holi est la fête la plus attendue en Inde, ça faisait déjà plusieurs semaines que mes amis indiens n’arrêtaient pas d’en parler. Cette fête célèbre le renouveau, les hindous font table rase du passé et reprennent leurs vies sur un nouveau départ. A force d’en attendre parler, j’attendais cette journée avec impatience ! Et je n’ai pas été déçue, ce fut une journée tellement pleine de joie que je pense avoir du mal à la décrire dans un texte.


Mais au lieu de commencer mercredi matin, les festivités ont commencé mardi soir à un moment où je ne m’y attendais pas. J’étais tranquillement assise devant Sunshine avec un chaï quand un ami italien, Carlo, est arrivé derrière moi et m’a barbouillé le visage avec de la couleur rose ! Oui parce que Holi, c’est la fête des couleurs. On achète des poudres de couleurs qu’on jette en l’air, sur les gens ou qu’on mélange avec de l’eau pour peinturlurer ses amis ou même des gens qu’on ne connaît pas.


Donc à 17h, mardi soir, j’étais déjà toute rose. Je suis rentrée à l’hôtel me débarbouiller mais ça ne valait pas la peine parce que quand je suis revenue à Sunshine, Sanjay, un des 2 frères qui tiennent la boutique, m’attendait avec de la couleur verte (bien moins seyante) et je me suis retrouvée avec le visage, les bras et les cheveux de Médusa ! La fête a bel et bien commencé mardi, vers 21h. Les gens se sont retrouvés dans Sudder Street au son des tambours. Des feux ont été allumés dans la rue, les gens dansaient autour en jetant des poudres colorées en l’air. 


Les enfants étaient à l’honneur, dansant au milieu de la foule, aspergeant tout le monde avec des pistolets à eau, courant partout. Au bout d’un moment dans la pénombre, on ne pouvait plus distinguer les indiens des touristes, tout le monde était badigeonné de vert, jaune, rose, rouge, bleu, doré… La fête a continué comme ça jusqu’à minuit puis tout le monde s’est donné rendez-vous pour 8h le lendemain matin pour réellement commencer à célébrer Holi ! 


En rentrant à la guesthouse j’ai essayé de retirer la couche de couleur de mon visage mais malgré tout mes efforts ma peau a gardé une teinte violette qui a également teintée les draps et les oreillers. Le lendemain, je me suis réveillée au son des tambours qui passaient dans la rue, je me suis dépêchée de rejoindre tout le monde dehors. En sortant de l’hôtel, Harry le propriétaire m’a aspergé de couleur orange. Une minute plus tard, j’ai rejoins une amie italienne et nous avons reçu un seau d’eau sur la tête que des indiennes jetaient depuis les toits des immeubles !  


Les tambours étaient au milieu de la rue et les gens dansaient déjà autour d’eux. Tout le monde jetait des poudres en criant «Happy Holi ! », « Holi Hai » !!! Un des serveurs du restaurant voisin avait sorti un jet d’eau et en aspergeait la foule. En moins de 5 minutes je me suis retrouvée trempée, verte, puis violette, puis rouge. J’ai même avalé de la couleur violette quand Salim, un autre garçon qui travaille à Sunshine, s’est jeté sur moi pour me colorer le visage ! 


Les tambours ont continué à avancer dans les rues en s’arrêtant de temps à autre pour jouer et pour que les gens dansent. Encore une fois c’était très difficile de distinguer les indiens et les touristes, on ne voyait plus qu’une foule colorée qui criait et dansait sous des nuages de couleurs. Après environ trois heures à défiler dans les rues, le cortège est revenu à Sudder Street. Les gens continuaient à acheter des poudres de couleur au fur et à mesure qu’ils les épuisaient… Puis tout le monde s’est regroupé dans une ruelle perpendiculaire où une corde avait été tendue entre deux fenêtres en travers de la rue à environ 3 ou 4 mètres du sol (je n’ai pas trop la notion des distances !). Au milieu de la corde, il y avait un pot en terre cuite suspendu. Des hommes ont commencé à former une pyramide humaine, encouragés par la foule et par les tambours dont le rythme s’intensifiait au fur et à mesure que la pyramide s’élevait ! 


Après plusieurs essais infructueux où les gens s’effondraient les uns sur les autres, un indien a finalement réussi à se suspendre au pot en terre, arrachant des cris de joie à la foule ! Il a brisé le pot en répandant encore plus de couleurs sur les gens amassés en dessous ! 


La même scène s’est déroulée dans la cour devant Sunshine mais a duré moins longtemps car la corde était moins haute. 


Et puis nous avons continué a dansé au milieu des couleurs dans la cour, en buvant des bhang lassis jusqu’au milieu de l’après-midi. 



Les gens commençaient alors à être fatigués et j’ai fini par rentrer à la guesthouse vers 15h. Mon pantalon et mon tee-shirt blancs à l’origine ressemblaient à des œuvres d’art abstraites, je ne les ai pas lavé d’ailleurs, je ne pense pas que les couleurs s’en aillent et ce sera le souvenir de mon premier Holi ! 
J’ai pris 3 douches en rentrant mais encore aujourd’hui j’ai des mèches de cheveux bleues et vertes, les bras roses, le dos rouge, les mains violettes ! J’ai quand même réussi à nettoyer le violet sur mes gencives et mes dents mais mon visage est encore un peu verdâtre… Mais ce n’est pas grave, si on me disait qu’on devait fêter de nouveau Holi demain, je serais contente de me retrouver de nouveau de toutes les couleurs !

Imran et moi

Tuesday, 19 March 2013

Deux jours à Bodhgaya


L’été est déjà arrivé à Calcutta. Depuis plus d’une semaine il fait entre 33°C et 38°C. Les gens ici disent que c’est l’été parce qu’en réalité ils n’ont pas de date précise pour définir les saisons, il fait chaud c’est l’été, il commence à pleuvoir, c’est la mousson, il fait froid, c’est l’hiver. Au moins c’est simple ! Enfin les journées deviennent plus fatigantes et les ventilateurs indispensables, et d’ailleurs j’ai réussi à attraper un gros rhume à force de dormir dans les courants d’air…
Pour échapper un peu à la chaleur de la ville, nous sommes parties 2 jours à Bodhgaya avec Elsa. Elsa est une fille belge que j’ai rencontrée à Sunshine (mon magasin préféré de Sudder Street). Elle est infirmière et à Calcutta elle est bénévole dans un slum, où elle s’occupe des enfants du quartier. Elle est minuscule mais incroyablement énergique. En Belgique, elle travaille dans une prison. C’est la quatrième fois qu’elle vient à Calcutta (comme quoi, il n’y a pas que moi qui suis tombée sous le charme de cette ville). L’année dernière, lors de son séjour, elle est tombée malade. Elle a attrapé la fièvre typhoïde, malgré le vaccin. Elle a du être hospitalisée une semaine mais ça ne l’a pas empêché de revenir cette année.
Bref nous avons décidé au dernier moment de partir ensemble pour sortir un peu de Calcutta. Nous avons bien failli rater le train du départ, parce que nous sommes parties un jour de grève.
C’est assez bizarre les grèves en Inde. Un ou deux jours avant, il y a comme une rumeur, certaines personnes annoncent une grève, d’autres disent que c’est faux… on ne peut jamais savoir avant le jour J. Mais s’il y a bel et bien une grève, alors la ville se retrouve paralysée ! Plus de métro, plus de taxi, plus de bus après 6h du matin ! Beaucoup de magasins ferment aussi, les banques sont fermées. Et ce n’est pas forcément que les gens ne veulent pas travailler, mais en Inde les grèves sont accompagnées de manifestations qui peuvent s’avérer dangereuses pour ceux qui ne les respectent pas. Un ami m’a raconté qu’il a vu un jour une foule détruire un taxi en quelques minutes parce qu’il travaillait. On peut comprendre qu’ils préfèrent rester chez eux ! Par contre j’ai essayé de savoir le pourquoi de cette grève et la seule réponse que les gens m’ont donné est « c’est à cause des partis politiques ». Bon d’accord, je n’ai sûrement pas demandé aux bonnes personnes…
Bref quand nous avons voulu rejoindre la gare avec Elsa, pas moyen de trouver un bus ou un taxi. Heureusement nos amis de Sunshine nous ont trouvé in extremis un autre ami qui se rendait justement à la gare pour y déposer des colis. Nous avons fait le trajet à l’arrière d’une camionnette style kangoo, coincées entre des colis et 3 autres indiens. Le chauffeur nous a emmenées en 10 minutes alors que le trajet à une allure raisonnable prend au moins 20 minutes. Mais ça va parce que, de l’arrière on ne voyait rien !
A la gare nous avons fait la connaissance d’une famille allemande qui se rendait eux aussi à Bodhgaya, non pour visiter, mais en pèlerinage. Ah oui, parce que j’ai oublié de préciser, mais Bodhgaya est la ville sacrée du Bouddhisme. C’est dans cette ville, sous un banian, que le prince hindou Siddharta Gautama, après 7 semaines de méditation, connut l’ « Illumination » et devint un bouddha (le dernier en date). Le Dalaï-Lama vient en visite chaque année dans cette petite ville, qui attire ainsi des milliers de moines et de pèlerins. Donc nous avons eu le temps de discuter avec les parents de la famille allemande avant de prendre le train, ils nous ont expliqué que c’était « une petite ville très reposante chargée d’énergie positive ». Pendant ce temps, leur bébé qui devait avoir moins d’un an, se traînait sur le sol de la gare en couche-culotte en mettant à sa bouche tout ce qui lui tombait sous la main !
Mahabodhi temple

Nous sommes arrivées à Gaya à 5h du matin, après 8 heures de trajet,  pour qu’on nous annonce qu’il y avait un 2ème jour de grève, qu’il n’y avait toujours pas de bus et qu’il fallait se dépêcher de prendre un rickshaw avant 6h du matin. Evidemment le chauffeur du rickshaw nous a demandé beaucoup trop cher mais enfin comme nous n’avions pas le choix… Nous avons fait les 15 km séparant Gaya de Bodhgaya de nuit avec de la musique techno indienne qui nous faisait vibrer les tympans (parce que nous avions eu le malheur de dire que non, la musique indienne ne nous gênait pas). Elsa avait déjà repéré une guesthouse, « Beauty Guesthouse ». Autant dire que l’établissement portait très très mal son nom, juste un immeuble gris, à l’extérieur comme à l’intérieur, des murs nus, des escaliers et des couloirs envahis de poussière et une réception indiquée par une chaise et une table sur laquelle était posée le registre des admissions. La chambre était tellement déprimante avec son sol en ciment, ses deux lits aux draps sales (heureusement que nous avions des sacs de couchage) et sa fenêtre grillagée que je pense que sans Elsa je n’y serais pas restée. Mais enfin pour environ 1€50 chacune la nuit ça allait, d’autant qu’ils nous ont laissé dormir dès notre arrivée à 6h du matin sans nous compter de journée supplémentaire.

Nous avons donc passé 2 jours à Bodhgaya, ce qui est amplement suffisant pour découvrir la petite ville. Personnellement je n’ai pas été subjuguée par l’ « énergie positive » de la petite ville mais l’endroit était quand même agréable et beaucoup plus paisible que Calcutta. Le principal point d’intérêt était le temple de Mahabodhi, le lieu où Bouddha a reçu l’Eveil. L’endroit était bondé, surtout de pèlerins, beaucoup de moines aux crânes rasés et habillés de « robes » oranges. J’ai trouvé très drôle de les voir se prosterner devant les statues, méditer, puis se prendre en photo à tour de rôle, chacun ayant avec lui un iPhone ou une tablette dernier cri. Sous le banian, d’autres moines bouddhistes s’étaient rassemblés pour célébrer des « pujas ». Ils sont restés assis du lever au coucher du soleil en récitant des mantras. Nous sommes restées quelques heures à les regarder, beaucoup d’autres gens se rassemblaient autour d’eux pour méditer, des personnes de toutes nationalités. De temps en temps d’autres moines leur amenait de quoi boire et manger, d’ailleurs ils distribuaient de la nourriture à toutes les personnes présentes, ils nous ont ainsi donné des grosses louches de riz (directement dans les mains c’est un peu compliqué à manger), des jus de fruits et des chocolats Cadburry ! 
Ceremonies sous le banian sacre

C’était assez intéressant d’observer ces cérémonies de « pujas », certains moines étaient très concentrés alors que d’autres dormaient sur place. Il y avait parmi eux de très jeunes moines, d’une dizaine d’années, qui restaient eux aussi assis toute la journée à réciter des mantras. Moi au bout de trois heures, je n’en pouvais plus d’essayer de ne penser à rien en me concentrant sur mes inspirations et mes expirations, j’ai donc laissé Elsa pour aller voir le reste de la ville, c’est-à-dire des temples. En effet des bouddhistes de tous les pays voisins ont bâti à Bodhgaya des temples avec les particularités qui leur sont propres : les temples thaïs avec leurs dorures, les temples japonais très sobres, les temples népalais recouverts de drapeaux…
Temple Thailandais

Temple tibetain

Quand nous sommes reparties de Bodhgaya, nous avons loupé le bus pour rejoindre la gare et une fois de plus nous avons du prendre un rickshaw. Il roulait comme un fou celui-là, j’avais l’impression qu’il essayait de faire la course avec tous les véhicules qu’il croisait et ça avait l’air de beaucoup l’amuser de vois nos mines effarées chaque fois que nos têtes cognaient contre le plafond de son engin ! Heureusement il nous a emmenées à bon port, bien à l’avance pour prendre notre train et nous sommes arrivées le lendemain matin à Calcutta, toujours aussi heureuses de retrouver cette ville même après seulement deux jours d’absence.
Temple nepalais

Temple japonais

Temple du Bhoutan

Monday, 11 March 2013

Dilip est parti…


Depuis mon arrivée à Calcutta, j’ai repris la vie que j’avais connue ici l’été dernier (sauf que cette fois-ci il faut que je finisse d’étudier tous mes bouquins avant la fin du mois de mars pour mon diplôme de professeur de français ! grrrrrr !).
A notre arrivée avec Carine, nous nous sommes inscrites chez les Missionnaires de la Charité en tant que bénévoles dans leur centre pour enfants handicapés, Daya Dan. J’étais impatiente d’y retourner et de retrouver les enfants.


J’ai été contente de constater que rien n’a changé, le chemin étroit dans le quartier musulman pour aller jusqu’à « Mother House » est toujours très animé dès le matin. Les gens se lavent, d’autres prient, d’autres encore finissent leurs nuits sur le trottoir. Les petites boutiques commencent à suspendre des quartiers de viande sur des crochets, d’autres à étaler des fruits et des légumes, des gens accrochent des bouquets de feuilles à des poteaux pour nourrir les chèvres, des livreurs en vélo amènent des poulets… 

A Mother House j’ai retrouvé Sister Mercy Maria, la sœur d’origine texane responsable des volontaires, le même petit déjeuner de chaï, banane et brioche, la prière, la chanson pour le départ des volontaires (à force de la chanter tous les jours, je l’ai gardé dans la tête pendant des semaines après mon retour !)… Le même bus pour aller jusqu’à Daya Dan mais cette fois je ne connais plus personne dedans. Il y a une majorité de français, c’est étonnant parce que l’année dernière je n’en avais rencontré que trois en plus de 2 mois et cette fois-ci en 1 heure j’en rencontre 5. 

 
Le centre de Daya Dan, par contre, a changé. La façade est pimpante, fraîchement repeinte en orange, ainsi que la pièce principale. Mais c’est dommage il n’y a plus de dessins sur les murs. En entrant, j’ai tout de suite essayé de repérer Dilip parmi les enfants qui jouent. Mais sans succès. La sœur par contre me reconnaît aussitôt et me salue d’un enthousiaste « Auntie, you are back ! ». Et elle m’annonce que malheureusement Dilip n’habite plus à Daya Dan. Très honnêtement ça a été un choc ! Je ne voulais pas pleurer devant la sœur mais je me suis sentie vraiment triste de penser que je n’allais pas revoir Dilip, surtout après m’être fait une telle joie de le retrouver ! 

Daya Dan 2012
Daya Dan 2013


Pour ceux qui n’en ont pas entendu parler, Dilip est le petit garçon dont je m’étais occupée en Juin et Juillet. Il a 12 ans et avait été recueilli par les missionnaires de la charité à 8 ans parce que ses parents ne pouvaient plus s’en occuper. Il est autiste et dans ce pays où beaucoup d’enfants doivent se débrouiller seuls dès qu’ils savent marcher, beaucoup de parents abandonnent leurs enfants handicapés. 

Dilip 

L’été dernier j’avais adoré m’occuper de Dilip, même si les débuts avaient été difficile. D’abord parce que je n’avais aucune idée de comment m’occuper d’un enfant autiste et me retrouver seule en cours particulier 1 heure par jour avec un petit garçon qui oscillait entre moments de somnolence, périodes d’agitation et d’enthousiasme et d’autres plus violentes m’avait un peu déstabilisée. Mais après quelques semaines, nous étions parvenus à instaurer tous les deux des petits rituels qui permettaient de passer de bons moments ensemble. Dilip avait arrêté de disparaître avant son cours ! Au contraire il venait me prendre par la main pour m’emmener jusqu’à son bureau. Je m’étais vraiment attachée à lui et j’étais vraiment impatiente de le revoir. Maintenant les sœurs m’ont appris qu’il est devenu trop grand pour rester avec elles, et il vit avec les frères dans une autre maison à 1h30 de bus de Mother House. J’ai demandé à Sister Mercy Maria la permission d’aller là-bas mais elle m’a répondu que les filles ne peuvent pas se rendre dans les maisons qui abritent les hommes handicapés et qu’elle ne pensait pas que ce soit une bonne idée pour Dilip de me revoir juste une fois. J’avoue que j’ai bien du mettre une semaine à me faire à l’idée que je ne le reverrai plus. Mais maintenant, je pense aussi que c’est mieux ainsi et au moins je garde intacts tous les bons souvenirs des moments que j’ai passé avec lui. Comme le jour où il avait joué du tam-tam pendant le cours de chant pendant que les autres enfants chantaient et qu’il n’avait plus voulu s’arrêter. Ou la fois où à force de secouer un petit arbre au parc (son jeu favori) il avait fini par le casser et il était revenu vers moi avec les yeux tellement écarquillés de surprise que je n’avais pas pu m’empêcher de rire au lieu de le gronder. Une autre fois il s’était échappé en courant de son bureau et j’avais du lui courir après jusqu’à ce qu’il trouve la sœur et qu’il lui montre, très fier, un dessin qu’il venait de réaliser avec les portraits (approximatifs) de ses amis et leurs noms… 

Bref il me reste tout ça et j’espère surtout qu’il est aussi heureux dans sa nouvelle maison qu’il l’était à Daya Dan. De mon côté j’aime toujours autant travailler avec les enfants de Daya Dan et tous les jours en me réveillant même si j’aimerais dormir un peu plus je suis quand même impatiente de les retrouver.

Saturday, 2 March 2013

En train jusqu’à Agra…

Après avoir passé 2 jours et demi à Udaipur, nous refaisons nos sacs pour aller vers Agra. Départ de la gare d’Udaipur à 22h00, arrivée prévue à Agra 10h00 le lendemain matin. Heureusement la gare d’Udaipur n’est pas très grande et notre train nous attend déjà sur le premier quai.
Le train en Inde est le moyen de déplacement le plus utilisé mais sûrement pas le plus pratique, surtout pour les étrangers. D’abord il faut se retrouver dans les gares qui sont en général pleine de monde, même la nuit ! Les gens s’installent à même le sol sur des couvertures pour dormir, se réunissent entre eux pour manger car les indiens se déplacent toujours avec beaucoup de nourriture quand ils prennent le train. Quand on sait que 6 heures de retard ne les choquent pas, on comprend pourquoi ! Lors de mon séjour l’année dernière, un de mes amis avait eu un retard de 20 heures sur un trajet qui devait durer 10 heures normalement, à cause d’une énorme panne d’électricité. Et comme il n’était pas indien il n’avait pas une valise pleine de nourriture avec lui, autant dire qu’il l’a regretté !


Et puis les indications peuvent changer tout d’un coup, par exemple à Delhi, nous avons vu tout un tas de gens traverser les voies en même temps, pour aller sur le quai d’en face à la suite de l’annonce d’un changement de voie.
Enfin, et à mon avis le plus difficile, c’est qu’on ne sait pas quand on doit s’arrêter. Il n’y a jamais d’annonce faite une fois qu’on est à l’intérieur du train. J’ai posé la question à un de mes amis indiens pour savoir comment ils faisaient pour savoir à quel moment ils arrivaient. Il m’a tranquillement répondu que les gens ne savaient pas forcément, le mieux étant de se préparer à partir une heure à l’avance pour être sûr de ne pas louper sa gare d’arrivée.
Pour nous pas de souci, le train est en avance, nous trouvons de suite nos couchettes. Mon ami Imran, qui nous a réservé ces places, s’est débrouillé pour prendre celles du dessus, les meilleures. Quand on sait qu’il y a des souris qui se baladent toute la nuit dans le train, on préfère être le plus loin du sol possible J


Par contre nous sommes réveillées au beau milieu de la nuit par toute une famille qui s’agite, crie, allume les lumières, les ventilos etc… et qui nous secoue pour avoir nos places. Evidemment ils nous parlent en hindi, ou ourdou, ou peu importe parce que je ne sais pas faire la différence de toute façon et ils n’ont pas l’air content ! Après quelques minutes, où nous agitons nos billets sous leurs nez, et un peu plus de cris, ils finissent par nous concéder le droit de finir la nuit sur nos couchettes.
Vers 10h00 on commence à se demander si on va finir par arriver ou pas. Les autres passagers à qui je demande si on est bientôt à Agra, me répondent « Maybe, next station ». Environ 15 « next stations » après, nous y sommes. Il est midi, donc presque aucun retard selon les critères indiens J


A Agra, tout va très vite, nous déposons nos sacs à la consigne, louons un tuk-tuk pour 3 heures, le temps d’aller visiter le Taj Mahal, de déjeuner et de revenir à la gare. La ville n’aurait aucun intérêt sans le Taj Mahal mais c’est vraiment un beau monument ! Dommage que le temps soit gris, et comme nous arrivons au beau milieu de l’après-midi il y a énormément de touristes. Beaucoup d’indiens notamment, et nous sommes sollicitées tous les 10 mètres pour faire des photos avec eux. Je me demande ce qu’ils disent après, quand ils montrent ces photos, « C’est moi avec une fille blanche à côté du Taj Mahal » ?


Bref, nous sommes de retour à la gare vers 16h00 et nous achetons des tickets dans le train « Delhi Superfast ». Vu qu’il nous faudra 5 heures pour faire 250 km, je me demande à quelle allure vont les trains qui ne sont pas superfast !!! Pour l’instant j’essaye de comprendre nos billets, qui n’indiquent ni numéro de train, ni de wagon, ni de siège, en essayant de ne pas trop prêter attention aux gros rats qui ont l’air de nous regarder (si, si !) depuis les voies ! Heureusement une indienne nous vient gentiment en aide, et nous explique que nous avons des billets sans réservation mais qu’elle nous aidera à trouver des places. Une fois que nous sommes installées, on sympathise, elle nous annonce qu’elle va se marier dans deux semaines et nous invite à son mariage. Apparemment elle ne doit pas avoir de souci de plan de table !

Nous finissons par arriver à Delhi, complètement épuisées et finalement bien contentes de prendre un avion plutôt qu’un train (de 26 heures en plus !) le lendemain pour aller jusqu’à Calcutta. On attendra un peu avant de reprendre le train ! J