Oui, oui, à
Rishikesh, la première chose que j’ai faite après avoir déposé mon sac à
l’hôtel, c’est aller me baigner dans le Gange. Ici on n’est pas loin des
sources du fleuve et il a encore une belle couleur bleue et donc on peut se
baigner même si l’eau est très froide ! La ville est très jolie, encadrée
de montagnes avec le Gange qui traverse. Il ya plein de singes qui vivent là,
mais ils ne sont pas spécialement amicaux. Un matin j’en ai rencontré un sur la
terrasse de l’hôtel, un petit, heureusement. Il a voulu me piquer ma bouteille
d’eau et il m’a montré toutes ses dents pour me faire peur !!! Un autre
jour j’en ai vu un gros faire peur à deux touristes qui étaient en train de
méditer au bord du Gange… ils ont été tellement effrayés qu’ils sont tombés
dans le fleuve !

Il y a
énormément de touristes étrangers qui viennent ici faire des séjours dans des
ashrams, des stages de yoga, des formations de médecine ayurvédique… qui
coutent assez cher. J’ai voulu faire une initiation au yoga d’une heure, qui
m’a quand même coûté 200 Roupies (un peu moins de 3€), ce qui paraît peu mais
en Inde c’est beaucoup. Et puis c’est assez contraignant un séjour en ashram.
J’ai rencontré une française là-bas qui devait se lever tous les jours à 5h
pour la méditation, puis après elle avait quelques heures consacrées à des
tâches ménagères avant l’heure du yoga, certains jours elle ne mangeait pas,
elle ne buvait que l’eau de cuisson du riz, d’autres jours elle ne parlait pas…
Du coup je me suis dit que j’avais eu beaucoup de chance de la rencontrer dans
un restaurant, un jour où elle pouvait manger et parler et qu’elle n’était pas
en train de méditer !!!

Je n’ai pas été
vraiment convaincue par mon initiation au yoga, mais le gros avantage de
Rishikesh c’est qu’il y a des salons de massage ayurvédique tous les 10 mètres
et que j’en ai profité presque tous les jours J
Je voulais
surtout profiter de la montagne durant mon séjour et dès le premier jour, j’ai
réservé une après-midi de rafting et un trekking de 4 jours et 3 nuits. J’étais
super motivée à ce moment-là ! Sauf que le lendemain matin dans la jeep
qui nous emmenait au point de départ pour le rafting, j’ai été malade, il faut
dire que les routes en lacet ça ne me réussit déjà pas beaucoup en France mais
alors combinées avec la conduite indienne… Bref en descendant de la jeep je me
sentais tellement mal que je suis tombée et je me suis cognée le genou qui
s’est mis à enfler et à saigner, ce qui a complètement paniqué les
accompagnateurs indiens qui m’ont ramenée en quatrième vitesse à Rishikesh, ce
qui m’a rendue encore plus malade ! Une fois convaincus que je n’avais pas
besoin d’aller à l’hôpital (il ne faut quand même pas exagérer), ils m’ont
laissé tranquille. J’avais quand même du mal à marcher et j’ai du aller annuler
mon trekking qui devait démarrer le lendemain. Le gars de l’agence m’a alors
gentiment proposé de faire une ballade en montagne trois jours plus tard qui
devait durer seulement un jour et une nuit. Comme j’étais déçue d’avoir du
annuler le trekking, j’ai accepté. Et trois jours plus tard, même si j’avais
encore mal au genou, j’ai retrouvé mon guide à 6h du matin pour ce qu’il
m’avait décrit comme «une ballade au paradis » !!!


Bon il m’avait
dit aussi qu’il fallait 4 heures de moto pour arriver au point de départ de la
marche… Nous sommes partis à 6h du matin et nous sommes arrivés à 4h de
l’après-midi ! Nous n’avons pas roulé pendant dix heures d’affilées, nous
nous sommes arrêtés pour le petit-déjeuner, le déjeuner, pour prendre des
photos et aussi pour rendre visite et boire des chaïs avec différents membres
de la famille de mon guide : son oncle et deux ou trois « cousins
brothers »…
Les
« cousins brothers » sont un concept
indien, ce n’est pas la première fois que j’en rencontre. En vérité ce
sont des cousins plus ou moins éloignés mais apparemment le terme
« cousin » n’est pas assez fort pour exprimer le lien entre eux et
donc ils rajoutent « frère ». Dans le même esprit il y a aussi les
« cousins sisters ». Des fois aussi les indiens appellent
« brothers » des amis ou des cousins et donc c’est assez difficile de
comprendre leurs liens familiaux…
Bref 10 heures
de trajet ! Le bon côté c’est que je n’ai pas été malade en moto et que le
paysage était vraiment magnifique. Nous avons traversé des petits villages
colorés accrochés à flanc de montagne, des forêts de pins et d’arbres (dont je
ne connais pas le nom) avec de belles fleurs rouges. Il y avait des singes sur
la route, des perruches dans les arbres. On apercevait le Gange dans la vallée et les montagnes enneigées de
l’Himalaya dans le fond. L’air était frais en altitude et il n’y avait presque pas
de circulation.
C’était génial sauf que la moto c’est marrant une heure mais
quand on n’a pas l’habitude, une journée, c’est fatigant ! A midi déjà je
n’en pouvais déjà plus, je ne savais plus comment m’installer pour ne pas avoir
mal au dos, j’avais le visage noir de poussière et des coups de soleil sur les
bras et le cou. Bref j’ai été contente quand nous nous sommes arrêtés. Nous
avons marché environ 2 heures et demi dans la jungle pour arriver enfin à un
temple dédié à Shiva, perché à un peu plus de 3000 mètres d’altitude.

Il
faisait assez froid et il y avait beaucoup de vent mais le site était vraiment
beau. Nous sommes arrivés à temps pour admirer le coucher de soleil. Mon guide
s’est mis à méditer, c’est-à-dire qu’il s’est perché sur un pied sur la
rambarde de sécurité qui entourait le temple ! A ce moment-là, j’ai très
égoïstement pensé que si un coup de vent le faisait tomber dans le vide, je
n’avais aucune idée de quelle façon j’allais pouvoir rentrer jusqu’à Rishikesh…
Mais il devait avoir l’habitude parce qu’il est descendu de son perchoir après
avoir médité un petit quart d’heure.


Une fois que le soleil s’est couché il a
commencé à faire vraiment froid, la brume est tombée sur les montagnes et avec
le vent qui faisait tinter doucement les nombreuses cloches qui entouraient le
temple on se serait presque cru dans un roman de Stephen King… En tout moi je
ne me suis pas sentie rassurée tout d’un coup et j’avais hâte d’allumer un feu
de camp et de monter la tente. Le lendemain en me réveillant je n’avais plus du
tout envie de reprendre la route en moto mais bon je n’avais pas le
choix ! Le guide m’avait dit qu’on prendrait un chemin plus court pour
arriver assez tôt à Rishikesh. Mais finalement il nous a fallu presque 10
heures cette fois aussi parce que nous sommes tombés en panne d’essence (et là
j’ai quand même passé un savon au guide parce que j’avais vu au moins une
station service sur la route) et qu’il a fallu presqu’une heure au guide pour
aller chercher de l’essence, et ensuite à seulement 35 kilomètres de Rishikesh
nous avons été surpris par un orage et nous avons du nous abriter et attendre
la fin de l’averse. Finalement nous sommes arrivés en fin d’après-midi,
complètement trempés (sans blague je pouvais essorer même mes sous-vêtements) et
crépis de boue ! Maintenant je sais que je ne ferais plus de voyage à
moto, c’est pas du tout mon truc !


Deux jours plus
tard, j’étais prête à reprendre le train pour revenir à Calcutta, avec la
climatisation cette fois, ce qui fait que le voyage (je suis partie lundi soir
pour arriver mercredi matin) ne m’a pas paru aussi long qu’à l’aller.
Maintenant, il y a beaucoup moins de monde ici, il n’y
a plus autant de volontaires parce qu’il fait très chaud. Même si depuis deux
jours les sœurs nous ont avertis que les consulats avaient annoncé une super
tempête qui devrait arriver en fin de semaine et qu’il fallait se tenir prêt et
faire des provisions d’eau et de nourriture dans les hôtels au cas où on ne
pourrait plus sortir. Du coup j’ai acheté un bidon d’eau de 20 litres que j’ai
beaucoup de mal à manier pour le moment vu qu’il est encore plein et que la
tempête est toujours attendue…