Mon séjour en Inde s’est
achevé mardi, plus tôt que je ne l’aurais voulu… J’ai essayé de rester plus
longtemps pourtant mais je m’y suis un peu mal pris ! Puisque j’avais
prévu de passer en Chine, rendre visite à mes amis colombiens Carlos et Sofia,
avant de rentrer en France début juillet, j’ai commencé à m’inquiéter début
juin de faire un visa. Seulement j’ai un peu tardé à rassembler les papiers
nécessaires en me disant que j’avais le temps, puisque le délai d’obtention est
de seulement 4 jours. Quand je suis allée la première fois au consulat chinois
il était fermé pour la fête du dragon et la seconde fois ils m’ont gentiment
renvoyé vers un autre bureau qui évidemment était à l’autre bout de la ville et
ouvert seulement le matin… Bref j’ai perdu beaucoup de temps ! Et finalement ma demande a été refusée parce
ma date de départ de Calcutta était ultérieure à la date d’expiration de mon
visa indien ! Du coup je me suis rendue au bureau d’immigration où l’on
m’a fait savoir qu’il n’était pas possible de prolonger mon visa, sauf si
j’avais une recommandation médicale pour rester quelques jours de plus… Je suis
allée voir un docteur qui d’après le monsieur de l’immigration ne serait pas
trop regardant pour me faire un certificat me permettant de rester un peu plus
longtemps. Malheureusement celui-ci était malade et son remplaçant a tenu à me
faire faire une prise de sang après laquelle il m’a prescrit des antibiotiques
contre le typhus (rassurant !!! mais d’après lui c’était plutôt préventif,
je n’ai pas vraiment le typhus !). Par contre il n’a pas estimé devoir
prolonger mon visa pour autant (pfff !!!! ce que c’est que de tomber sur
un docteur intègre qui ne veut pas me faire un malheureux faux papier pour 10
jours de sursis !!!). J’ai tenté de faire ma demande de prolongation
auprès d’une agence de voyage qui m’a demandé de me rendre au consulat français
pour obtenir « une lettre ». Au consulat français on m’a permis
d’entrer 10minutes dans une petite pièce vide où j’ai parlé avec une personne
au moyen d’un téléphone protégé par une boîte en plastique pour m’entendre dire
(ce que je pensais déjà) qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi… Après tout
ça, c’est-à-dire la semaine dernière, j’ai pensé (et j’aurais du y penser plus
tôt !) à faire un aller retour à Dhaka, au Bangladesh, où l’on peut
obtenir un visa indien en deux jours. Seulement il faut aussi un visa pour se
rendre au Bangladesh et son obtention demande trois jours, plus le trajet en
bus d’une journée, et ce n’était plus possible de tout faire avant la date
d’expiration de mon visa indien, mardi. J’ai vérifié sur internet et le
dépassement de la date d’un visa est passible d’une peine de prison en Inde… je
n’ai pas eu très envie de tenter la chance sur ce coup-là ! Du coup le
week-end dernier j’ai pris en catastrophe un billet d’avion pour Bangkok et
j’ai quitté Calcutta mardi matin…
Ca n’a pas été facile de partir sans savoir quand je vais pouvoir revenir. Je me sentais comme chez moi à Calcutta et c’est plutôt bizarre puisque je serais toujours une étrangère pour cette ville… Je me rappelle mon premier jour en Inde, il y a plus d’un an, à Delhi… Je n’avais pas vraiment apprécié. La chaleur étouffante, les regards insistants, les indiens qui me suivaient pour me parler, le bruit, la pollution, la circulation tellement infernale que j’avais renoncé à traverser une rue… Ce premier jour je m’étais demandé pourquoi j’avais pris mon billet de retour 2 mois plus tard. Et puis après avoir voyagé quelques jours, être arrivée à Calcutta, m’être habituée à la chaleur, l’humidité, les regards… je m’étais laissé emporter par ce tourbillon de bruits, de couleurs, de cris, d’odeurs… Et je m’étais surtout rendue compte de la gentillesse des indiens qui se mêlent toujours de tout et surtout de ce qui ne les regardent pas…mais ici personne ne reste seul et anonyme.
Et puis il y a eu les sœurs et le bénévolat avec les enfants, et à l’hôpital… et surtout les rencontres… Jon et son ukulélé, Ethan qui allait courir tous les matins malgré 40°C, Isa et sa guitare, Sophie et ses chansons improvisées, Cécile qui vient tous les ans depuis 1974, Marta et son ONG, Carlos qui arrivait à nous cuisiner des plats italiens sur un minuscule réchaud, Jenna, Judy, Harry le plus paternel des patrons de guesthouse, Edward, Sanjay et les chaïs à Sunshine, Diane, Paula, John qui essayait de nous jouer des chansons irlandaises sur une cithare, Akash et ses « many many colours », Céline, Santos, Imran, Myriam, Jane, Barbara, Maria(s), Fatima et son stress permanent, Connie, Agnese, Elsa, Dan, Rani, Gobin surnommé « Grumpy », Tina, Sam, Anne… etc.
Et puis les rolls que l’on
mange debout dans la rue, les plats trop épicés qui mettent la bouche en feu,
les biryanis mangés assis en tailleur à Sunshine, les jus de canne à sucre dans
la rue, les pooris et curd pour les petits-déjeuners et les poissons cuits dans
des feuilles de bananier…
Et aussi la rue, les vélos,
les rickshaws, les tuk-tuks, les vendeurs ambulants, les vieux taxis ambassador
jaunes… les trottoirs défoncés, les familles qui vivent là, qui préparent à
manger, font leur lessive, se douchent… les mendiants souvent handicapés ou
lépreux…
La musique, les processions
lors des cérémonies et des fêtes, les véhicules mortuaires vitrés et couverts
de fleurs…
Les vieux édifices coloniaux abîmés par l’humidité qui côtoient les immeubles plus modernes et les petits temples colorés, fleuris et toujours bien entretenus que l’on rencontre à chaque coin de rue…
Et puis toujours les regards,
les saluts plus ou moins intéressés et l’animation perpétuelle…
Voilà j’ai laissé Calcutta derrière moi…
Merci Claire pour ce récit bien "torché" ; j'espère que tu passeras à Talloires avant de courir le monde !
ReplyDeleteAvec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira
courut le monde et l'admira
il fit ce que je voudrais faire
si j'avais quatre dromadaires
Guillaume Apollinaire
Merci Claire et Welcome In France !
ReplyDeleteOn t'attend :)