Tuesday, 25 June 2013

Six jours a Bangkok


Après avoir passé 4 mois et demi à Calcutta, j’ai eu l’impression de débarquer sur une autre planète en arrivant à Bangkok. D’abord le taxi qui m’emmène en ville ne me secoue pas dans tous les sens sur une route défoncée mais j’ai l’impression qu’il glisse. Les fenêtres sont fermées et au lieu d’un mini ventilateur sur le siège arrière j’ai droit à l’air conditionné. Et depuis le « highway » j’aperçois Bangkok qui approche, tout un tas de buildings étincelants, modernes, des panneaux publicitaires gigantesques et lumineux et le skytrain qui s’élève au dessus des rues et qui donne à la ville une allure futuriste.
Autant dire que déjà que j’étais triste en quittant Calcutta, un tel contraste me laisse un peu déprimée. Pourtant le quartier touristique par excellence, Khao San, où je m’installe en attendant ma copine Diane qui me rejoindra 3 jours plus tard, semble encore épargné par la modernité. Ici pas de buildings mais tout un tas de petites guesthouses, restaurants, salons de massage, agences de voyages, café internet, vendeurs ambulants (de scorpions en brochette notamment), bars et bien sûr clubs de streap-tease. Un vrai village vacances ! C’est assez sympa sauf que tous les restaurants proposent exactement les mêmes menus avec les mêmes images, les mêmes prix, les mêmes cocktails et le wi-fi gratuit !
Evidemment j’aurais pu, et même du, profiter d’être à Bangkok pour faire un peu de tourisme sauf que finalement je ne me suis pas trop motivée, j’avais encore Calcutta en tête et mon départ précipité m’avait rendue un peu maussade. Et comme excuse je me suis dit que j’avais déjà passé une semaine ici en 2008 et que le palais royal, le marché flottant ou le Bouddha couché en or n’avaient pas dû beaucoup changer. Pas de tourisme donc mais j’ai été occupée quand même. J’ai passé toute une matinée au consulat chinois pour faire mon visa…il y avait un monde fou, tout le monde veut aller en Chine apparemment ! Et puis en attendant Diane j’ai passé 2 jours à tester les salons de massage et la gastronomie thaïlandaise : curry coco, pad-thaï, fruits de mer.
J’ai rencontré Diane en Mai à Calcutta où elle était aussi bénévole pour les missionnaires de la charité. Je savais qu’elle devait passer un mois à Bangkok à partir de fin Juin pour faire un stage dans un cabinet d’avocat. Et quand je lui ai dit que j’étais moi aussi à Bangkok pour quelques jours au moment où elle arrivait, elle m’a gentiment invitée à passer mes derniers jours avec elle dans l’appartement que lui avait prêté son oncle. J’ai donc déménagé pour la rejoindre  dans le quartier de Sukhumvit. Sukhumvit est le quartier des expats, et d’après le peu que j’en ai vu ça a l’air pas mal du tout d’être expat à Bangkok. L’appartement est situé dans un immeuble résidentiel, d’un quartier résidentiel, deux chambres, deux salles de bains, air conditionné, balcon et piscine sur le toit ! Tout un tas de restaurants de toutes les cuisines du monde dans la même rue, des bars, des salons de massage…
Ce que j’ai trouvé assez incroyable c’est aussi le nombre de centres commerciaux à proximité. Mais Bangkok est connue pour être le « shopping-center » de l’Asie. Il y a notamment un des plus grands marchés du monde et puis surtout des centres commerciaux ultra modernes partout.
Je ne pense pas que l’on puisse évaluer la qualité d’un centre commercial par rapport à la qualité de ses toilettes mais si c’était le cas nous avons surement visité l’un des centres commerciaux les plus modernes du monde avec Diane… équipé de toilettes électroniques (sans blague) avec plein de boutons dont un bouton jet d’eau plus réglage de la pression et de la température, un autre pour séchage à l’air chaud…bref presque un ordinateur !



Par contre n’étant pas une grande fan de shopping, le reste m’a laissée plus indifférente. Je voulais pourtant faire un effort et trouver une robe pour un mariage mais quand j’ai vu que le choix des robes de soirées s’étendait sur tout un étage… je me suis découragée ! Bref une après-midi de shopping a été largement suffisante pour moi.
Finalement j’ai eu mon visa ! ce matin même… Et il valait mieux parce que je suis en ce moment même à l’aéroport… donc si les chinois m’avaient fait attendre plus longtemps ou s’ils avaient refusé une seconde fois de me donner ce visa, j’aurais pu m’asseoir sur mes billets d’avion achetés à l’avance !
Heureusement tout va bien… Nous avons passé l’après-midi sur le toit, au bord de la piscine avec Diane. Maintenant j’ai des coups de soleil évidemment. Et là je suis tranquillement en train d’attendre mon avion pour Pékin, dernière étape avant mon retour en France (!!!), où je retrouverai Carlos et Sofia demain matin.

Thursday, 20 June 2013

Good Bye India


Mon séjour en Inde s’est achevé mardi, plus tôt que je ne l’aurais voulu… J’ai essayé de rester plus longtemps pourtant mais je m’y suis un peu mal pris ! Puisque j’avais prévu de passer en Chine, rendre visite à mes amis colombiens Carlos et Sofia, avant de rentrer en France début juillet, j’ai commencé à m’inquiéter début juin de faire un visa. Seulement j’ai un peu tardé à rassembler les papiers nécessaires en me disant que j’avais le temps, puisque le délai d’obtention est de seulement 4 jours. Quand je suis allée la première fois au consulat chinois il était fermé pour la fête du dragon et la seconde fois ils m’ont gentiment renvoyé vers un autre bureau qui évidemment était à l’autre bout de la ville et ouvert seulement le matin… Bref j’ai perdu beaucoup de temps !  Et finalement ma demande a été refusée parce ma date de départ de Calcutta était ultérieure à la date d’expiration de mon visa indien ! Du coup je me suis rendue au bureau d’immigration où l’on m’a fait savoir qu’il n’était pas possible de prolonger mon visa, sauf si j’avais une recommandation médicale pour rester quelques jours de plus… Je suis allée voir un docteur qui d’après le monsieur de l’immigration ne serait pas trop regardant pour me faire un certificat me permettant de rester un peu plus longtemps. Malheureusement celui-ci était malade et son remplaçant a tenu à me faire faire une prise de sang après laquelle il m’a prescrit des antibiotiques contre le typhus (rassurant !!! mais d’après lui c’était plutôt préventif, je n’ai pas vraiment le typhus !). Par contre il n’a pas estimé devoir prolonger mon visa pour autant (pfff !!!! ce que c’est que de tomber sur un docteur intègre qui ne veut pas me faire un malheureux faux papier pour 10 jours de sursis !!!). J’ai tenté de faire ma demande de prolongation auprès d’une agence de voyage qui m’a demandé de me rendre au consulat français pour obtenir « une lettre ». Au consulat français on m’a permis d’entrer 10minutes dans une petite pièce vide où j’ai parlé avec une personne au moyen d’un téléphone protégé par une boîte en plastique pour m’entendre dire (ce que je pensais déjà) qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi… Après tout ça, c’est-à-dire la semaine dernière, j’ai pensé (et j’aurais du y penser plus tôt !) à faire un aller retour à Dhaka, au Bangladesh, où l’on peut obtenir un visa indien en deux jours. Seulement il faut aussi un visa pour se rendre au Bangladesh et son obtention demande trois jours, plus le trajet en bus d’une journée, et ce n’était plus possible de tout faire avant la date d’expiration de mon visa indien, mardi. J’ai vérifié sur internet et le dépassement de la date d’un visa est passible d’une peine de prison en Inde… je n’ai pas eu très envie de tenter la chance sur ce coup-là ! Du coup le week-end dernier j’ai pris en catastrophe un billet d’avion pour Bangkok et j’ai quitté Calcutta mardi matin…


Ca n’a pas été facile de partir sans savoir quand je vais pouvoir revenir. Je me sentais comme chez moi à Calcutta et c’est plutôt bizarre puisque je serais toujours une étrangère pour cette ville… Je me rappelle mon premier jour en Inde, il y a plus d’un an, à Delhi… Je n’avais pas vraiment apprécié. La chaleur étouffante, les regards insistants, les indiens qui me suivaient pour me parler, le bruit, la pollution, la circulation tellement infernale que j’avais renoncé à traverser une rue… Ce premier jour je m’étais demandé pourquoi j’avais pris mon billet de retour 2 mois plus tard. Et puis après avoir voyagé quelques jours, être arrivée à Calcutta, m’être habituée à la chaleur, l’humidité, les regards… je m’étais laissé emporter par ce tourbillon de bruits, de couleurs, de cris, d’odeurs… Et je m’étais surtout rendue compte de la gentillesse des indiens qui se mêlent toujours de tout et surtout de ce qui ne les regardent pas…mais ici personne ne reste seul et anonyme.


Et puis il y a eu les sœurs et le bénévolat avec les enfants, et à l’hôpital… et surtout les rencontres… Jon et son ukulélé, Ethan qui allait courir tous les matins malgré 40°C, Isa et sa guitare, Sophie et ses chansons improvisées, Cécile qui vient tous les ans depuis 1974, Marta et son ONG, Carlos qui arrivait à nous cuisiner des plats italiens sur un minuscule réchaud, Jenna, Judy, Harry le plus paternel des patrons de guesthouse, Edward, Sanjay et les chaïs à Sunshine, Diane, Paula, John qui essayait de nous jouer des chansons irlandaises sur une cithare, Akash et ses « many many colours », Céline, Santos, Imran, Myriam, Jane, Barbara, Maria(s), Fatima et son stress permanent, Connie, Agnese, Elsa, Dan, Rani, Gobin surnommé « Grumpy », Tina, Sam, Anne… etc.
Et puis les rolls que l’on mange debout dans la rue, les plats trop épicés qui mettent la bouche en feu, les biryanis mangés assis en tailleur à Sunshine, les jus de canne à sucre dans la rue, les pooris et curd pour les petits-déjeuners et les poissons cuits dans des feuilles de bananier…
Et aussi la rue, les vélos, les rickshaws, les tuk-tuks, les vendeurs ambulants, les vieux taxis ambassador jaunes… les trottoirs défoncés, les familles qui vivent là, qui préparent à manger, font leur lessive, se douchent… les mendiants souvent handicapés ou lépreux…
La musique, les processions lors des cérémonies et des fêtes, les véhicules mortuaires vitrés et couverts de fleurs…


Les vieux édifices coloniaux abîmés par l’humidité qui côtoient les immeubles plus modernes et les petits temples colorés, fleuris et toujours bien entretenus que l’on rencontre à chaque coin de rue…
Et puis toujours les regards, les saluts plus ou moins intéressés et l’animation perpétuelle…
Voilà j’ai laissé Calcutta derrière moi…